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Former pour libérer : la compétence numérique comme levier d’émancipation sociale

Publié le 20 octobre 2025 | Par ASANADA

Dans nos sociétés de plus en plus numérisées, il est devenu presque impossible de vivre sans savoir utiliser un smartphone, un navigateur web ou un compte en ligne. Pourtant, une partie significative de la population reste en dehors de cette transformation. Pour ces millions de personnes, le numérique est un monde fermé, parfois hostile, souvent incompréhensible.

Chez ASANADA, nous affirmons que la fracture numérique est une fracture sociale. Elle prive d’accès aux droits, au savoir, à l’emploi, à la citoyenneté. C’est pourquoi nous avons fait de la formation numérique un axe central de notre mission. Parce qu’apprendre à utiliser un outil numérique, ce n’est pas seulement apprendre à cliquer. C’est acquérir du pouvoir d’agir. C’est ouvrir une porte vers l’autonomie.

Une fracture invisible mais massive

Selon les chiffres de l’Union internationale des télécommunications (UIT), en 2025, 2,6 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à Internet. Parmi celles qui y ont accès, une proportion importante reste en situation d’illectronisme : c’est-à-dire qu’elles ne disposent pas des compétences nécessaires pour utiliser ces outils de manière autonome.

En France, le Baromètre du numérique 2025 indique que près de 35 % des personnes vivant sous le seuil de pauvreté se disent en difficulté face au numérique. Dans les zones rurales d’Afrique subsaharienne, ce chiffre dépasse les 60 % pour les femmes adultes. Cela signifie concrètement qu’une personne sur deux ne peut pas remplir une demande de bourse scolaire, imprimer un certificat de naissance ou créer un compte email sécurisé.

Des obstacles multiples, souvent cumulés

Il serait simpliste de penser que le principal obstacle à l’usage du numérique est uniquement technique. Nos enquêtes de terrain révèlent que les freins sont souvent multiples :

  • Manque de matériel : smartphone partagé entre plusieurs membres d’une famille, tablette sans clavier, pas d’imprimante
  • Manque de connexion : zones blanches, coût de la data trop élevé, débit insuffisant
  • Manque de compétences : peur de mal faire, difficulté de lecture, non-maîtrise de la langue utilisée dans l’interface
  • Manque de confiance : sentiment d’infériorité, expérience négative passée, discours culpabilisants

Chez ASANADA, nous considérons qu’un véritable accompagnement numérique doit prendre en compte tous ces aspects, et proposer des solutions globales, contextualisées et bienveillantes.

Une pédagogie humaniste et adaptée

Depuis notre création, nous avons développé une méthode pédagogique spécifique, pensée pour les publics éloignés. Elle repose sur trois principes fondamentaux :

  1. Partir du besoin réel : chaque session commence par une question pratique (“Comment faire un CV ?”, “Comment envoyer un message à la mairie ?”)
  2. Apprendre par la pratique : les apprenants manipulent les outils dès le début, sans long discours théorique
  3. Valoriser l’apprentissage lent : le droit à l’erreur, le respect du rythme de chacun, l’encouragement permanent

Nous avons également créé une série de supports pédagogiques visuels, multilingues et imprimables pour accompagner les apprenants, qu’ils sachent lire ou non. Ces fiches couvrent des actions simples : se connecter à un Wi-Fi, créer un mot de passe sécurisé, utiliser Google Maps, accéder à une vidéo tutorielle, etc.

Résultats concrets : chiffres et témoignages

En 2025, ASANADA a accompagné plus de 1 100 bénéficiaires dans ses programmes de formation numérique en présentiel et à distance.

  • 68 % ont pu réutiliser leurs compétences dans un cadre personnel (administration, éducation des enfants, achat en ligne)
  • 59 % des femmes formées ont lancé une activité économique liée au digital (vente, prestation de services, tutoriels vidéo)
  • 23 % des participants sont devenus formateurs ou relais numériques dans leur communauté

“Avant, je devais attendre que mon neveu rentre à la maison pour envoyer un document. Maintenant, je le fais moi-même, et je montre à mes voisines comment faire.”
– Aissatou, 46 ans, Dakar

Des formats hybrides et flexibles

Nous savons que la vie quotidienne des personnes que nous accompagnons ne permet pas toujours d’assister à des formations longues et régulières. C’est pourquoi nous avons développé des formats variés :

  • Formations en centre (3 demi-journées sur une semaine)
  • Modules à domicile (via kits solaires et tablettes préchargées)
  • Ateliers communautaires dans les marchés, mosquées, centres de santé
  • Formation à distance avec accompagnement téléphonique ou via WhatsApp

Chaque format est pensé pour s’adapter aux contraintes de temps, de langue, de mobilité, tout en garantissant une montée en compétences réelle.

Former, c’est aussi créer des liens

Nos formateurs et formatrices ne sont pas seulement là pour transmettre des connaissances. Ils sont avant tout des facilitateurs de confiance. Ils écoutent, encouragent, valorisent les progrès, aussi modestes soient-ils.

La formation numérique est souvent l’occasion d’aborder des sujets plus larges : l’égalité femmes-hommes, l’estime de soi, la place des jeunes dans la société, les droits citoyens.

“Avant la formation, je ne parlais jamais pendant les réunions de quartier. Maintenant, je prends la parole. Je sais que je peux aider les autres.”
– Mame Diarra, relais numérique à Saint-Louis

Perspectives 2026 : consolider et essaimer

Pour 2026, ASANADA prévoit :

  • La création de 10 nouveaux espaces de formation numérique communautaires
  • Le lancement d’une plateforme en ligne multilingue pour les formateurs bénévoles
  • L’extension du programme à 2 nouveaux pays partenaires

Nous cherchons à renforcer l’impact local, tout en diffusant nos méthodes et outils librement, en open source, pour inspirer d’autres initiatives dans le monde francophone et au-delà.

Un appel à vous

Former au numérique, ce n’est pas un luxe. C’est une urgence sociale. Une urgence citoyenne. Une urgence démocratique. Et c’est une mission que nous ne pouvons pas mener seuls.

Nous lançons un appel à tous :

  • Formateurs, formatrices : rejoignez notre réseau de bénévoles
  • Entreprises : financez un kit ou un atelier dans une zone rurale
  • Collectivités : intégrez nos outils dans vos dispositifs d’insertion
  • Médias : parlez de ces invisibles qui apprennent à se rendre visibles

Chaque ordinateur partagé, chaque heure donnée, chaque fiche imprimée, est une victoire contre l’exclusion.

➡️ Rejoindre le programme de formation numérique d’ASANADA

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