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Innover pour inclure : quand la technologie rejoint les oubliés du numérique

En 2025, parler d’innovation numérique est devenu banal. Les mots « révolution digitale », « intelligence artificielle », « blockchain », « 5G » ou « metaverse » s’invitent dans chaque discours d’entreprise. Mais une question fondamentale est souvent écartée : pour qui innove-t-on ?

Loin des laboratoires de recherche ou des start-up surfinancées, des milliards de personnes vivent hors de la révolution numérique. Non par choix, mais par exclusion. Matérielle, économique, géographique, linguistique, culturelle.

Pour l’ONG ASANADA, l’innovation ne devrait jamais être un luxe réservé à une élite technophile, mais un outil de transformation sociale au service de l’humain. C’est dans cette optique que sont nés des projets comme Tech4All, qui visent à repenser la technologie à partir des besoins des plus éloignés.

1. L’exclusion numérique : un angle mort de l’innovation

Selon l’Union internationale des télécommunications (UIT), près de 2,6 milliards de personnes dans le monde restent sans accès à internet en 2025. Et parmi les personnes connectées, des millions n’ont ni les compétences numériques de base, ni les conditions matérielles pour les exercer.

La fracture numérique est donc bien plus qu’un problème d’infrastructure : c’est une fracture sociale qui touche les plus précaires, les plus âgés, les moins éduqués, les femmes, les habitants de zones rurales ou les minorités.

Dans de nombreux pays d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique latine, la majorité des jeunes n’a jamais utilisé un ordinateur en contexte scolaire. Paradoxalement, ce sont souvent ces mêmes jeunes que les politiques de « transformation digitale » oublient.

2. Quand innover, c’est ralentir

Face à cette situation, ASANADA a fait un choix radical : ralentir la course technologique, pour adopter une logique de sobriété, d’accessibilité et d’appropriation.

C’est ainsi qu’est né le programme Tech4All, déployé au Sénégal, au Cambodge et en Guinée.

L’idée ? Fournir des kits numériques simples, robustes et autonomes, composés de :

  • Tablettes préchargées de contenus éducatifs hors ligne
  • Panneaux solaires pour les recharger sans électricité
  • Routeurs Wi-Fi 4G avec forfait prépayé
  • Manuels illustrés pour apprendre sans savoir lire

Objectif : créer un environnement d’apprentissage numérique viable sans réseau, sans électricité, sans expert.

Ces kits sont accompagnés de sessions de formation de formateurs locaux, pour garantir un usage durable et contextualisé.

3. Le numérique comme langage commun

Contrairement à ce que l’on croit, les bénéficiaires de ces programmes ne sont pas « en retard ». Ils ne manquent ni de curiosité, ni de potentiel. Ils manquent simplement d’un accès structuré, accompagné et bienveillant.

Un exemple : dans la région de Tambacounda, au Sénégal, plus de 70 femmes ont été formées à l’usage de la tablette dans le cadre de la gestion de leur activité artisanale. Résultat : elles communiquent aujourd’hui avec des clients par WhatsApp, réalisent leur suivi comptable dans un tableau Google Sheet, et utilisent Canva pour créer des étiquettes de produits.

Pas besoin d’avoir un diplôme. Pas besoin d’un master en informatique. Juste une pédagogie adaptée et des outils appropriés.

4. L’innovation sociale, une nécessité éthique

Pour ASANADA, innover ce n’est pas « digitaliser », c’est adapter les outils aux réalités humaines. Loin du marketing ou des gadgets technologiques, il s’agit d’une innovation modeste, locale, mais profondément transformatrice.

Une innovation n’a de sens que si elle réduit les écarts.
Une technologie n’a de valeur que si elle libère.

Il est temps que les acteurs publics, les entreprises du numérique et les bailleurs internationaux adoptent une approche similaire : co-construite avec les usagers finaux, et non parachutée depuis le haut.

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