Publié le 18 octobre 2025 | Par ASANADA
À l’ère des assistants vocaux, des moteurs de recherche intelligents, des outils de rédaction automatisée ou de diagnostic médical numérique, l’intelligence artificielle (IA) s’est installée dans notre quotidien. Elle est utilisée pour trier les candidatures, orienter des élèves, détecter des maladies, générer des contenus ou filtrer l’information.
Mais une question cruciale demeure : à qui profite cette révolution ? Et plus encore : qui est exclu de cette transformation invisible mais décisive ? Pour des millions de personnes, notamment dans les pays en développement, la promesse de l’IA reste lointaine, abstraite, inaccessible.
Une révolution technologique à deux vitesses
En 2025, le marché mondial de l’intelligence artificielle est estimé à plus de 500 milliards de dollars (source : IDC). Les grandes entreprises investissent massivement dans des modèles toujours plus puissants, génératifs, prédictifs.
Dans le même temps, selon l’Union internationale des télécommunications, 2,6 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à Internet. Une part importante de la population mondiale ne sait pas utiliser un moteur de recherche, rédiger un e-mail ou faire une démarche en ligne. Et pourtant, c’est dans cet écosystème qu’évoluent les IA.
La fracture numérique, déjà bien réelle, est amplifiée par l’automatisation : elle ne se limite plus à l’accès, mais s’étend à la compréhension, à la maîtrise, à l’interprétation de décisions algorithmiques qui affectent des vies.
Les dangers d’une IA qui reproduit les exclusions
Quand les IA sont formées sur des bases de données biaisées, elles peuvent renforcer les stéréotypes existants, discriminer des populations déjà marginalisées et prendre des décisions injustes.
- Des recruteurs automatisés qui écartent des CV non normés.
- Des algorithmes de justice prédictive biaisés contre les minorités ethniques.
- Des traductions erronées dans des langues locales sous-représentées.
Et surtout : une grande partie de la population mondiale est invisible pour ces systèmes. Pas de données, pas d’apprentissage. Pas d’apprentissage, pas de reconnaissance. L’IA devient alors un outil d’exclusion silencieuse.
Former à comprendre : l’approche d’ASANADA
Chez ASANADA, nous refusons de considérer l’intelligence artificielle comme un domaine réservé aux experts. Dès 2024, nous avons intégré l’IA dans nos programmes d’alphabétisation numérique, avec une pédagogie accessible et critique.
Nous avons conçu des modules pour :
- Expliquer simplement ce qu’est une IA
- Utiliser des outils d’assistance (ChatGPT, Google Bard, YouChat) pour créer un CV ou une lettre
- Identifier une réponse biaisée ou fausse
- Traduire un contenu dans une langue comprise
Ce travail s’appuie sur nos bénévoles numériques formés à la médiation et à l’éthique. Les sessions se déroulent en petits groupes, avec accompagnement humain permanent. L’objectif : rendre l’intelligence artificielle compréhensible, utile, maîtrisable.
Exemples concrets sur le terrain
Au Sénégal, nos ateliers pilotes à Dakar ont réuni plus de 120 jeunes en reconversion. Nombre d’entre eux ont utilisé des IA pour :
- Corriger leurs lettres de motivation
- Rédiger des descriptions de produits artisanaux
- Créer des publications pour les réseaux sociaux
“Je pensais que l’IA, c’était un outil pour les riches. Aujourd’hui, je l’utilise pour créer les textes de mes savons artisanaux et répondre aux messages des clients.”
– Mariama, 34 ans, formatrice relais à Pikine
Dans nos centres de formation ruraux, les utilisations sont aussi pédagogiques : synthèse de leçons, traduction automatique, lecture à voix haute pour les personnes peu lettrées. L’IA devient un compagnon d’apprentissage accessible.
Des défis éthiques et culturels à relever
Mais tout n’est pas simple. L’IA reste un outil :
- Formé sur des corpus occidentaux (faible présence des langues africaines ou locales)
- Conçu selon des normes de pensée euro-centrées
- Requérant une infrastructure stable (connexion, énergie, matériel)
C’est pourquoi ASANADA travaille avec des partenaires open source et des chercheurs africains pour développer des solutions locales, adaptées et inclusives.
Notre programme : IA Inclusive
Depuis 2025, notre programme “IA Inclusive” vise à :
- Former 500 jeunes à l’usage critique des IA d’ici fin 2025
- Créer un répertoire d’usages pédagogiques de l’IA dans les langues locales
- Produire un guide gratuit sur les usages éthiques en zone de faible connectivité
Ce programme s’articule autour de 3 principes :
- Accessibilité : outils légers, disponibles hors-ligne
- Humanisation : toujours accompagnés d’un formateur
- Esprit critique : comprendre, pas seulement utiliser
Et maintenant ?
Nous lançons un appel aux :
- Développeurs solidaires pour créer ou adapter des IA open source
- Entreprises responsables pour financer des ateliers
- Institutions publiques pour intégrer ces modules dans les politiques de formation
Nous croyons à une intelligence artificielle qui libère, qui éduque, qui respecte. Une IA à hauteur d’humain, pensée avec et pour les plus oubliés.
